La pandémie COVID-19 a élevé la qualité de l'air intérieur (QAI) au rang des priorités des propriétaires et gestionnaires immobiliers. Ce qui était autrefois considéré comme du confort est maintenant devenu une responsabilité essentielle, impérative pour la santé et la sécurité des occupants. Dans les investissements pour l'amélioration de la Qualité de l’air intérieur, de nombreuses entreprises font le choix entre l'augmentation des débits de ventilation, l'amélioration de la filtration et les technologies de désinfection de l’air.
Les dirigeants de l'ASHRAE (American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers) ont approuvé les deux déclarations suivantes concernant la transmission du SRAS-CoV-2 et le fonctionnement des systèmes de CVC pendant la pandémie de COVID-19 :
Aujourd’hui des études ont démontré que les particules virales de SRAS-CoV-2 pouvaient se déplacer à plus de 2m de leur émetteur et surtout que l’on peut être contaminé peu de temps après qu’une personne infectée ait quitté les lieux. Des particules virales sont retrouvées sur les surfaces à plus de 4m des sources, dans les circuits de ventilation et également dans les centrales de traitement de l’air.
Le temps de survie du virus dans l’air est fonction de 3 facteurs en particulier:
Maintenant que l’hiver est là, on comprend donc que les risques de transmission s’accroissent.
Toute stratégie de protection de la qualité de l’air intérieur en période de pandémie de COVID-19 doit reposer sur le triptyque : Masques – Distanciation – Ventilation
La réalité très pragmatique est qu’il n’y a rien que nous fassions qui rendra sûr le partage d'un espace intérieur où des personnes ne portent pas de masque.
Mais attention, tous les masques ne se valent pas. Une étude parue dans Nature a comparé les particules traversant les différents masques, lorsque des personnes respiraient, parlaient et toussaient, démontrant l’efficacité du N95, du masque chirurgical, mais demeurant mitigée sur celle des masques en coton faits maison.
Le simulateur proposé par BranchPattern permet de visualiser l’impact d’un certain de nombre de facteurs sur le taux de transmission du virus dans des espaces clos. Ici nus avons fait une simulation d’un espace de 1500 m² divisé en 2 pièces occupée chacune par 50 personnes, avec un débit de ventilation classique de 25 m3/h/personne et en tout air neuf. Dans le premier modèle (« Baseline »), toutes les personnes portent un masque en coton artisanal.
Dans le second modèle, tout le monde porte un masque chirurgical. On passe de plus de 66% de taux d’infection par jour dans le premier modèle à 5% dans le second modèle.
Le second élément du triptyque est la ventilation.
L'une des principales recommandations de la REHVA (The Federation of European Heating, Ventilation and Air Conditioning associations) est d'augmenter la quantité d'air neuf entrant dans le bâtiment. En effet en aspirant davantage d'air extérieur, on peut diluer l'air potentiellement contaminé, de sorte que les occupants sont moins susceptibles d'être exposés à des gouttelettes infectées qui recirculeraient.
Si votre bâtiment recycle l’air, alors il faut que votre système de ventilation soit équipé de filtres suffisamment performants pour capturer les particules virales. Aujourd’hui les filtres recommandés sont les filtres HEPA. Malheureusement la plupart des systèmes de ventilation dans les bâtiments tertiaires ne sont pas conçus pour permettre l’utilisation de filtres HEPA, du fait de la perte de charge qu’ils induisent. Dans ce cas, il vaut mieux désactiver le recyclage de l’air.
Limiter le nombre de personnes dans une pièce est le dernier élément du triptyque. Très simplement, diviser le taux d’occupation par deux réduit de moitié la probabilité de transmission du virus.
Au regard de ces informations, on ne peut que s’inquiéter pour les écoles. Dans le triptyque Masques-Ventilation-Distanciation, seuls les masques sont appliqués.
D’après une étude menée par l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur en 2018, dans les trois-quarts des écoles enquêtées, « il n’y a pas de système spécifique de ventilation, qu’il soit mécanique ou naturel par grilles hautes et basses ; l’aération se fait par ouverture des fenêtres. », et 41% des établissements ont au moins une classe très confinée (i.e. pour laquelle le taux de CO2 dépasse le seuil maximum recommandé de 1000 ppm* en moyenne).
Avec l’arrivée de l’hiver, que se passera-t-il ?
Les établissements scolaires doivent impérativement surveiller la renouvellement de l’air dans les salles de classes, afin de déterminer à minima à quel moment elles doivent aérer.
Des études ont démontré que le temps de survie du virus SARS-COV2 est fortement réduit dans la plage d’hygrométrie relative 40%-60%. Mais cela ne signifie pas qu’il faille humidifier votre bâtiment. En hiver, avec les températures basses, humidifier génère de la condensation sur les vitres mais également dans les murs, qui ne sont pas nécessairement adaptés. Il vaut mieux réduire légèrement le chauffage pour diminuer l’assèchement de l’air.
Pour réduire la transmission des particules virales par les surfaces, beaucoup d’entreprises vaporisent quantité de produits chimiques - contenant du chlore ou de l’ozone- aux effets irritants pour les yeux et les muqueuses et toxiques pour les voies respiratoires. Que se passe-t-il quand ces produits sont utilisés dans des espaces mal ventilés ?
On entend beaucoup parler de l’ionisation bipolaire comme solution pour purifier l’air. Il n’y a pas à ce jour d’étude démontrant l’efficacité dans les conditions réelles. Les études existantes ont été menées en laboratoire, en conditions statiques. Dans les espaces de vie où les facteurs environnementaux sont fluctuants, il n’y a pas encore d’études approuvée.
D’après l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), l’efficacité des purificateurs reste à prouver. En 2017, elle affirmait que "les données scientifiques collectées et analysées ne permettent pas de démontrer l'efficacité et l'innocuité en conditions réelles d'utilisation des dispositifs d'épuration de l'air intérieur fonctionnant sur les principes de la catalyse ou photocatalyse, du plasma, de l'ozonation ou de l'ionisation."
L’INRS également met en garde contre les appareils de purification utilisant un traitement physico-chimique de l’air (catalyse, photocatalyse, plasma, ozonation, charbons actifs…).
ASHRAE enfin ne prend pas position sur ces solutions, elle déclare qu’ « il n'existe actuellement aucune étude convaincante, scientifiquement rigoureuse et évaluée par des pairs, sur cette technologie émergente ; les données des fabricants doivent être examinées avec soin. »
En effet , il n’y a pas non plus d’étude long-terme sur les effets délétères possibles :
- Quelles sont les conséquences d’une absorption d'air ionisé à long terme ?
- Quel est l’effet des ions sur le tissu pulmonaire sain ?
Enfin des appareils peuvent émettre de l'ozone, parfois à des niveaux élevés.
Il convient donc d’être très prudent dans l’acquisition de ces dispositifs.
La première étape, qui doit être obligatoire, est la surveillance continue de la qualité de l’air. Un simple suivi du bon renouvellement d’air permet de diagnostiquer les anomalies du système de ventilation qui passent des années sans être remarquées. Les stations GreenMe mesurent le besoin en renouvellement d’air et le CO2. Placées judicieusement dans les espaces pour refléter toutes les disparités du site, elles vous permettront d’analyser continuellement et d’être alerté en cas de problème.
N’oubliez pas, dans les espaces clos si tout le monde porte un masque chirurgical, avec une ventilation et une filtration bien appliquées et fonctionnant correctement le risque d'infection sera assez faible.
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