Bureaux bruyants : une fatalité ?
Les espaces de travail ouverts – open-space – sont là pour durer. La pandémie qui a démocratisé le télétravail et par voie de conséquence la réduction des surfaces de bureaux, a accéléré la mutation vers des espaces flexibles et ouverts.
Les avantages reconnus de ce type d’aménagement est un accroissement de la collaboration, de l’engagement et du transfert de connaissances, sans parler d’une plus grande efficacité de l’espace.
Les inconvénients sont que les open-space sont souvent des foyers d’irritations bruyantes.
Malgré leurs atouts, les bureaux ouverts posent des problèmes acoustiques qui ont un impact profond sur les personnes qui les occupent. D’après une étude menée par Leesman Index auprès de plus de 350 000 employés dans 2 700 entreprises, 75 % des sondés estiment que la gestion du niveau de bruit est une qualité importante d'un lieu de travail performant. Cependant, seuls 30 % des employés de la base de données Leesman sont satisfaits des niveaux de bruit sur leur lieu de travail.
L'insatisfaction à l'égard du bruit est statistiquement le plus fort indicateur d'une mauvaise productivité perçue et la première source d’insatisfaction au bureau.
L'acoustique a un effet de levier très important sur la capacité du lieu de travail à être un environnement productif, autrement dit l'environnement de travail le mieux conçu du monde sera un échec si l'acoustique n'est pas bonne.
Qu’est-ce que le bruit ?
Il est important de faire la distinction entre le son et le bruit. Le son est constitué de vibrations qui se propagent dans l'air ou dans un autre milieu et qui peuvent être entendues lorsqu'elles atteignent l'oreille d'une personne. Le bruit est un son indésirable qui peut être fort ou simplement gênant : la conversation d'un collègue, un broyeur à papier bruyant, un système de ventilation bruyant.
Le coût du bruit au travail
- des maux de tête
- hypertension artérielle
- fatigue
- irritabilité
- stress
- troubles digestifs
- une susceptibilité accrue aux rhumes et autres infections mineures.
L'exposition au bruit est également liée aux maladies cardiovasculaires, aux changements hormonaux, aux maladies psychosomatiques, aux troubles du sommeil, à la réduction des performances physiques et mentales, à l'agressivité, aux sentiments constants de mécontentement et à la réduction du bien-être général.
Le bruit peut également avoir un impact sur la motivation et la productivité. Des études ont montré qu'il faut parfois jusqu'à 23 minutes pour retrouver sa concentration après une distraction, ce qui fait perdre aux employés jusqu'à 86 minutes par jour.
Le personnel est le plus grand atout et la plus grande dépense d'une entreprise. Il représente 85 % des dépenses d'une organisation, contre 15 % pour les coûts liés à l'immobilier. Investir dans l'acoustique n’est donc pas une vaine dépense et peut conduire à d’importants bénéfices en matière de bien-être et de productivité et par conséquence des résultats de l’entreprise.
Qu’est-ce qui rend le bruit gênant ?
Pourquoi la parole est-elle source de distraction ?
Alors que la plupart des conversations de bureau ne sont pas assez bruyantes ou fortes pour causer une gêne, la parole est particulièrement dérangeante lorsque nous pouvons la comprendre, alors qu'elle ne nous concerne pas. Lorsqu’on entend une conversation intelligible, notre cerveau est très enclin à vouloir l’écouter. Ce discours crée un contenu que notre cerveau essaie consciemment ou inconsciemment de décoder en langage.
Comment le transfert du son exacerbe le bruit
La façon dont le son se comporte dans un espace dépend des niveaux de réverbération dans le bâtiment. Ainsi, une bonne acoustique doit gérer les chemins que les sons empruntent entre les sources que sont les personnes et les équipements.
Le son se propage d’autant plus que les surfaces sont réfléchissantes c’est pourquoi une pièce composée de surfaces hautement réfléchissantes - un sol en béton, un plafond ouvert, des murs en briques apparentes, des fenêtres - peut être si inconfortablement bruyante.
En outre, certaines situations exacerbent le son réfléchi. Par exemple, des murs parallèles font rebondir le son comme une balle de ping-pong, créant ainsi une cacophonie d'échos.
Dans un café ou un autre espace de convivialité avec une multitude de surfaces dures (telles que les armoires de cuisine, les comptoirs en stratifié, les sols en pierre, un plafond non traité etc. ), le transfert du son crée un effet d'enveloppe. Le son est concentré et dirigé sur les surfaces réfléchissantes. et crée un effet de mégaphone.
Stratégies de réduction du bruit
La bonne nouvelle est qu'il existe de nombreuses solutions pour rendre le niveau de bruit supportable pour tous les occupants d'un environnement de travail ouvert. Ces solutions permettent de préserver l'intimité de la parole, c'est-à-dire la possibilité d'avoir des conversations avec différents niveaux de confidentialité, ainsi que la possibilité de se concentrer et d'être productif individuellement ou en groupe.
L’ABC de l’acoustique
Un environnement acoustiquement équilibré peut être créé avec la bonne combinaison des ABC de la lutte contre le bruit : Absorber, Bloquer, Couvrir
Absorber : minimiser le bruit en absorbant le son
Les niveaux sonores peuvent être atténués en contrôlant le son réfléchi avec des matériaux poreux qui captent et retiennent le son plutôt que de le renvoyer. Chaque matériau possède des forces et des propriétés particulières qui varient selon qu'il est utilisé individuellement ou en combinaison avec d'autres.
Pour atténuer au mieux le son, il faut prendre en compte les six surfaces de la pièce : les quatre murs, le plafond et le sol.
Plafonds. L'acoustique peut être améliorée en variant formes et matériaux variés : des baffles suspendus, des dalles de plafond suspendues ou de la mousse acoustique.
Sols. Les moquettes souples atténuent le bruit, ce qui est utile dans les bureaux ouverts notamment pour les bruits de pas et de talons.
Murs. L’habillage de deux murs perpendiculaires avec des panneaux acoustiques ou l'intégration de murs angulaires ou incurvés dans les salles de réunion peuvent réduire la réverbération du son.
Bloquer : Gérer le bruit par l'évitement sonore
L'aménagement de l'espace et la stratégie du lieu de travail sont des outils importants pour assurer le confort acoustique et la productivité. Bloquer le son à certains endroits et séparer les activités génératrices de bruit des activités plus silencieuses permet de gérer le bruit et d'améliorer la confidentialité des conversations dans un bureau ouvert.
Par exemple :
- Séparer les équipes en contact direct avec le public, qui ont de fréquentes interactions téléphoniques, de celles qui passent une bonne partie de la journée à se concentrer sur leur travail.
- Créer des espaces dédiés et des salles de repos qui séparent le bruit et le calme. Dans tous les cas, veillez à ce que les employés sachent où se trouvent ces espaces et quelle est leur vocation.
- Tenir compte du bruit et de l'activité associés à chaque opération lors de l'aménagement des contiguïtés. Par exemple : isoler les photocopieuses, les espaces de convivialités des zones ouvertes ; placer les postes de travail individuels de manière à ce qu'il n'y ait pas de trajets sonores ininterrompus entre les postes de travail reliés ou voisins, décaler les postes de travail et orienter les dispositions de manière à ce que les individus ne se fassent pas face, fermer l'espace avec des écrans de séparation, des cloisons, des panneaux suspendus du sol au plafond, des étagères, des plantes ou d'autres objets absorbant le bruit.
En outre, l'établissement d’une charte d’utilisation des bureaux encourage les comportements de voisinage vertueux et définit l'étiquette et la culture de bureau appropriées pour maintenir des niveaux sonores confortables.
Décider d’ouvrir les espaces de travail en open-space est une décision culturelle et nécessite un engagement de toute l'entreprise en faveur du respect et de la tranquillité. Le succès d'un environnement ouvert ne se limite pas à la planification et à la conception initiales, mais implique également, et c'est tout aussi important, de définir des normes claires, de formuler des attentes en matière de comportements et d'étiquette, et de former le personnel à utiliser les zones du bureau de manière réfléchie. Il peut s'agir, par exemple, d'organiser des réunions à l'écart des bureaux, de laisser les sonneries, les notifications et les alarmes des appareils sur vibreur ou sur le réglage le plus bas.
GreenMe donne accès à des données exploitables en temps réel et à des rapports précis afin que vous puissiez améliorer le confort acoustique de vos bureaux.
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Quelques considérations supplémentaires :
- Le bruit engendre le bruit. Les gens sont calmes dans les espaces calmes et bruyants dans les espaces bruyants.
- Avec des cloisons minimales ou basses, les gens sont conscients de l'absence de barrières acoustiques et parlent plus doucement ("l'effet bibliothèque").
- Les cloisons hautes peuvent offrir une intimité visuelle et une perception d'intimité acoustique, alors qu'en fait le son se propage par-dessus la cloison et les gens ont tendance à parler plus fort.
Couvrir : Masquage sonore
Avec des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation de plus en plus silencieux, et des interactions textuelles qui supplantent les conversations téléphoniques et personnelles, les niveaux sonores de fond dans certains bureaux peuvent frôler le "silence de mort" et créer une atmosphère où les petits bruits produisent une perturbation disproportionnée, car rien ne leur fait concurrence.
Le son peut être atténué par un bruit ambiant continu et de faible intensité qui masque les conversations et les autres bruits, réduisant l'intelligibilité des conversations voisines de deux tiers et les rendant ainsi beaucoup plus faciles à ignorer.
Lorsque les voix se perdent dans le brouillard du masquage sonore, on perd en intelligibilité L'objectif est de créer un son organique que les gens sont habitués à entendre (Bruit blanc, bruit rose)
Une autre stratégie de masquage du son consiste à utiliser des casques avec des microphones hautement directionnels qui coupent le bruit de fond.
Conclusion
En appliquant, dès le début de la conception, une combinaison de stratégies qui absorbent, bloquent et couvrent le bruit, un espace de travail peut offrir tous les avantages d'un environnement ouvert - collaboration, connexion et confort et éviter de nombreux problèmes liés au bruit qui pourraient autrement affecter l'espace.
Il a été démontré que les environnements très performance profitent aux personnes qui les occupent et ont un impact positif sur les résultats de l'entreprise. Investir dans des stratégies de lieux de travail sains et durables qui favorisent le bonheur des occupants, améliore le style de vie des employés à une telle échelle que ces investissements en capital ne sont pas seulement rentables, ils augmentent également les bénéfices des entreprises qui les occupent.
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